En Bresse bourguignonne, Fabrice Desjours a créé la plus gourmande des forêts de France : constituée d’un millier de plantes comestibles différentes, elle est devenue un modèle du genre.
Pour pénétrer dans la forêt gourmande de Fabrice Desjours, située au coeur de la Bresse Bourguignonne, il suffit de pousser un petit portail en bois. Derrière, se dressent sur 2,5 hectares, plus de 1 000 espèces différentes d’arbres, d’arbustes, de plantes, de lianes et de racines qui s’entremêlent, du sol jusqu’à plusieurs mètres de hauteur. Tous ces végétaux ont la même particularité : ils sont comestibles. Les grands arbres fruitiers donnent des pommes, des prunes, des pêches, mais aussi des olives, des mangues, des cornouilles, des chalefs ou des ragoumines. D’autres fournissent un panel de noix diverses : de Grenoble, de pécan, amandes, pistaches, pignons, glands… À mi-hauteur, les framboises croisent le regard des grenades ouzbèkes. Au sol, ce sont les champignons et les fleurs alimentaires qui pointent le bout de leur nez : des pleurotes, des shiitakés, des marguerites, des hibiscus. Et entre tout ça, divague la vigne sauvage, qui s’entrelace dans les branchages des châtaigniers et des poivriers. Une véritable forêt enchantée, créée de toutes pièces par Fabrice Desjours, il y a une quinzaine d’années. « A l’occasion de l’un de mes voyages, j’ai découvert l’agroforesterie aux Comores : je voyais des femmes pénétrer dans les forêts avec des paniers vides pour en ressortir une heure plus tard avec des paniers remplis de fruits, de légumes et de feuilles », rembobine cet ex-infirmier.
« Mon rêve : propager les forestibles »
De retour en Bourgogne, il achète une prairie dans le petit village de Diconne (Saône-et-Loire). Il s’inspire de l’expérience comorienne pour créer son propre jardin-forêt adapté au climat européen : « Il existe entre 5 000 et 7 000 espèces alimentaires sur la planète, mais nous n’en consommons qu’une soixantaine », constate Fabrice. Il plante à tour de bras, choisissant ses essences avec soin. Aucun traitement, pas d’irrigation : la forêt doit pouvoir s’autogérer. Quinze ans plus tard, l’expérience est devenue une référence. On fait appel à lui partout en France, pour créer des forêts gourmandes. « Mon rêve, ce serait de pouvoir propager les "forestibles" et de les retrouver sur les tables de cantines » espère le quadragénaire. En attendant, il envisage d’acquérir une bâtisse du village pour la transformer en auberge dans laquelle la future brigade de cuisine aura à charge de valoriser la production de sa forêt.
Une biodiversité abondante
En plantant sa forêt gourmande, Fabrice Desjours a récréé tout un écosystème autour des arbres et des plantes. En partenariat avec EDF, il est en train d’établir un comptage des oiseaux et de l’ensemble des vertébrés présents sur sa parcelle. Renards, sangliers, chevreuils et blaireaux sont des habitués des lieux. Tout comme les amphibiens et les reptiles. Les fruits et les légumes présents en abondance attirent aussi les limaces. Mais Fabrice l’assure : « Leur impact est limité. Elles se font dévorer par les orvets ou bien par le carabe doré, un scarabée que l’on observait enfants dans nos jardins. Ici, il a retrouvé un terrain de jeu favorable. C’est un auxiliaire de jardin extraordinaire. »
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