Le lycée agricole de Château-Chinon est l’un des dix établissements français à dispenser une formation en aquaculture. Les jeunes apprenants viennent de toute la France.
Epuisette à la main et cuissardes aux pieds, une vingtaine de jeunes en classe de seconde du lycée agricole de Château-Chinon ont rendez-vous ce matin à Corancy. Le site abrite l’une des deux piscicultures de l’établissement. Dans trois ans, ils passeront un bac professionnel les préparant aux métiers de la pisciculture, de la pêche ou de l’aquariophilie. Une spécialité rare, qui attire des jeunes de la France entière : « La plupart de nos élèves sont internes », confirme Christelle RENAULT, la directrice. L’établissement s’est taillé une solide réputation ces dernières années. Les bassins de la pisciculture, alimentés par l’Yonne, ont été entièrement rénovés et figurent parmi les meilleurs sites aquacoles de France.
Des offres d'emploi diversifiées
Durant trois ans, les élèves vont alterner cours théoriques et travaux pratiques, dans tous les domaines : « Ceux qui sortent après le bac trouvent facilement des postes comme salariés d’exploitation, ou comme techniciens de fédérations de pêche », explique Florian GUILLET, directeur des piscicultures du Morvan. Ils peuvent aussi poursuivre par un BTSA aquaculture, également dispensé à Château-Chinon. D’autres portes s’ouvrent alors aux futurs diplômés, en eau douce, en eau de mer, en France ou à l’étranger : « Un de nos anciens élèves est aujourd’hui guide de pêche en Irlande. Trois autres ont été embauchés à l’aquarium de Lausanne. Le panel d’offres est large », promet Florian. Le métier nécessite force et courage, avec un travail en extérieur dans des conditions parfois difficiles. Mais il évolue, avec l’aide des nouvelles technologies. Les machines de tri sont de plus en plus automatisées. À tel point que le métier attire désormais aussi les femmes : « Il y a dix ans, pas une femme ne suivait cette formation. Cette année, sept femmes comptent parmi les effectifs », se félicite Florian.
Plus tard, je serai…
Elèves au sein du lycée agricole du Morvan, Alexis, Mathot, Lucas et louis ont leur destin entre les mains. Plus tard, ils pourraient élever des huîtres, des carpes koï, des poissons d’eau de mer ou finir guide de moyenne montagne. Portes ouvertes.
Ils ont entre 18 et 25 ans. Mathot et Louis sont en bac pro tandis qu’Alexis et Lucas sont en dernière année de BTS aquaculture. Tous sont arrivés aux piscicultures du Morvan pour la même passion : la pêche. Sauf peut-être Alexis, 25 ans, débarqué à Château-Chinon après un début de carrière dans l’informatique : « J’ai fait un gros burn-out, nous confie le Francilien. J’ai alors cherché à travailler dans ce qui me passionne : l’aquariophilie. » Plus tard, « dans ses rêves », il aimerait créer un élevage de poissons d’aquariums marins et ouvrir des boutiques en France. Louis aussi a des rêves plein la tête. Originaire de Bourges, le jeune garçon de 18 ans espère acquérir assez d’expérience dans la Nièvre avant de s’envoler pour le Japon : « Mon but, c’est d’ouvrir un élevage de carpes Koï. »

Un métier passion
Mathot, en revanche, n’est pas certain de continuer dans le secteur de l’aquaculture. Après son bac, le Dijonnais de 18 ans envisage de poursuivre sur une formation pour devenir guide de moyenne montagne, son « autre passion ». Lucas a, quant à lui, suivi le cursus complet au sein de l’établissement. Arrivé à l’âge de 15 ans, le Gueugnonnais est aujourd’hui en dernière année de BTS. L’an prochain, il souhaite intégrer une école d’ingénieur agronome pour se spécialiser en ostréiculture : « Il y a de belles choses à faire dans ce domaine en Irlande, en Espagne, ou encore ou Portugal » imagine-t-il.
Les quatre jeunes hommes sont unanimes lorsqu’ils évoquent leur formation à Château-Chinon. Alexis se mue en porte-parole : « Les profs sont captivants : ils parlent pendant des heures, et nous, nous écoutons. Avant, je détestais les cours. Arrivé ici, je me retrouve à faire quatre heures de révision le soir parce que j’aime le sujet que je révise. » Lucas poursuit : « Ce n’est pas un métier monotone. Il n’y a pas une journée pareille : le contact avec le vivant, les changements de saisons… cela demande de l’engagement, mais c’est ce qui est intéressant et stimulant dans la vie. » La définition d’un métier passion.
Des bassins à l’assiette
Nous l’oublions parfois, mais un lycée agricole, c’est aussi une exploitation. Celle des piscicultures du Morvan produit environ 15 tonnes de poissons chaque année.
Des truites arc-en-ciel, des farios, des saumons de fontaine et des ombres communs. Les piscicultures du Morvan élèvent chaque année quelques dizaines de milliers de poissons. Les deux-tiers partent vivants pour repeupler des rivières ou des étangs. Reste cinq tonnes que le lycée transforme en rillettes, mousses, veloutés, filets crus ou fumés, poissons sous vide.
Les produits sont vendus à la boutique de la pisciculture, située sur le site de Corency, ainsi que dans les magasins de producteurs, voire dans quelques grandes surfaces régionales. Le lycée travaille également avec les Toques Nivernaises, l’association regroupant les meilleurs chefs cuisiniers de la Nièvre. Et fierté pour l’établissement : les filets de truite sont depuis peu proposés dans les cantines des différents ministères et même à l’Élysée : « Nous avons d’ailleurs reçu un courrier signé du Président de la République nous félicitant pour la qualité de nos produits », souligne Florian GUILLET, directeur des piscicultures du Morvan et responsable de l’exploitation. What else ?

Où trouver les produits des piscicultures du Morvan ?
- À la boutique de la pisciculture de Corancy, les lundi, mardi, jeudi et vendredi de 9h à 12h30 et de 13h30 à 16h30.
- Sur les marchés de Château-Chinon (samedi matin) et de Moulins-Engilbert (mardi matin).
Contact : 03 86 85 14 34
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