Mardi 20 mai 2025, l’État, la Région Bourgogne-Franche-Comté et Réserves Naturelles de France organisaient une journée sur les « Aires protégées » à Dole (Jura). L’occasion de faire le point sur la biodiversité en Bourgogne-Franche-Comté avec Stéphane Woynaroski, Conseiller régional délégué en charge de la biodiversité et l'eau.
Fabienne Puyo (administratrice de Réserves Naturelles de France), Olivier David (directeur régional environnement, aménagement, logement à la DREAL) et Stéphane Woynaroski (Conseiller régional en charge de l’eau et de la biodiversité) ont animé la journée consacrée aux aires protégées. Photo : Xavier Ducordeaux
Stéphane Woynaroski, dans quel état se trouve notre biodiversité aujourd’hui ?
"La biodiversité s’effondre partout. Ce n’est plus de l’érosion, c’est véritablement un effondrement. Sans le reste du monde vivant, nous ne sommes absolument rien : pas de dioxygène, pas d’aliments, pas de médicaments, pas de matières premières pour nos activités économiques… La biodiversité est donc absolument nécessaire et nous en faisons partie, avec un pouvoir considérable : celui de détruire les autres espèces. C’est un constat peu réjouissant, mais d’une implacable réalité scientifique. Cela dit, nous avons aussi le pouvoir de prendre conscience de nos impacts sur la biodiversité, de la fragilité du vivant et de la nécessite de le protéger, entre autres avec les aires protégées à l’honneur aujourd’hui.
C’est l’objectif de cette journée ? Trouver de nouveaux espaces à protéger ?
Oui. Il faut démontrer tout l’intérêt pour les territoires d’avoir des aires protégées. Le Président de la République a fixé à 2030 un objectif de 30 % du territoire en aires protégés dont 1/3 sous protection forte. Nous y contribuons. Il faut dire aux gens qu’en créant des aires protégées près de chez eux, on ne les met pas sous cloche, on ne crée par des « réserves d’indiens ». En revanche, on crée des aires qui sont de véritables atouts pour leur territoire et qui ont une attractivité touristique, un intérêt scientifique. Très souvent, après un long et difficile processus de création, les aires protégées deviennent des fiertés pour le territoire.
Quels sont les outils pour créer ces fameuses aires protégées ?
Il y en a plusieurs. A notre niveau, la Région a le pouvoir de créer des réserves naturelles régionales (RNR). En Bourgogne-Franche-Comté, il y en a 19, qui s’ajoutent aux 11 réserves naturelles nationales. Ce sont 5 000 hectares, sur lesquels nous investissons 1,2 million d’euros par an. Dans notre région, il y a d’autres territoires qui ne sont pas strictement des aires protégées mais qui contribuent fortement à la préservation de la biodiversité : quatre parcs naturels régionaux et 118 sites classés Natura 2000 aujourd’hui géré par la Région. Si on ajoute les 18 réserves biologiques forestières, les 81 arrêtés de protection de biotopes, les sites des Conservatoires des Espaces Naturels de Bourgogne et de Franche-Comté, les Espaces Naturels Sensibles départementaux, et bien sûr le parc national de Forêts qui s’étend à la fois sur les départements de la Côte-d’Or et de la Haute-Marne, cela représente 250 aires protégées qui couvrent 26 % du territoire.
Comment choisissez-vous les zones pouvant être classées en aires protégées ?
En fonction de leur richesse, de la diversité de la biodiversité, des enjeux répertoriés. Il y en a beaucoup qui pourraient être classés et qui ne le sont pas. Tout cela se fait après un long processus de concertation, qui peut durer entre 5 et 10 ans. Le classement de la dernière RNR -Les Tourbières du Bief du Nanchez, dans le Jura– a pris de longues années car il a fallu obtenir l’accord de tous les propriétaires fonciers. Nous sommes en train de classer deux cavités à chauve-souris, qui sont des propriétés communales. Ça devrait aller plus vite.
Comment financer tout ça ?
Compte tenu des difficultés dans lesquelles se trouvent les collectivités aujourd’hui, aller chercher des financements pour la biodiversité, c’est tout sauf simple. Et quand les actualités deviennent brulantes, et elles le sont aujourd’hui, la biodiversité passe souvent après tout le reste. Elle est encore trop souvent le parent-pauvre de la transition écologique. Heureusement, en Bourgogne-Franche-Comté, et je remercie la Présidente de Région Marie-Guite Dufay et la vice-présidente en charge de la Transition écologique Stéphanie Modde, nous avons conservé nos budgets pour 2025.
Est-il facile d’embarquer les citoyens dans ce type de démarche ?
Ils ont compris que protéger la Bourgogne-Franche-Comté, ce n’est pas un truc d’écolo-dingo ; ce n’est pas un truc de bobo-débile qui ne comprend rien au monde rural ; ce n’est pas un truc de politique déconnecté du terrain. La clé, c’est la concertation. Nous nous attachons à prendre le temps nécessaire pour expliquer, décrypter, afin de garantir la bonne compréhension et l’acceptation de tous les usagers."
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