« Quelque chose à Autun que je n’ai trouvé nulle part ailleurs »

Professeur de philosophie, il est l’un des fondateurs de la Biennale internationale d’art sacré contemporain d’Autun. Jérôme Lequime cumule une passion pour la philosophie et un talent pour établir le dialogue entre des personnes de confessions différentes. Portrait.

« En 2015, alors que nous avions commencé à imaginer un événement autour de l’art sacré à Autun, nous avons pris la mesure, en France et en Europe, de quelque chose que l’on croyait oubliée ; réglée il y a bien longtemps avec la rupture entre la religion et l’Etat et l’instauration d’une république laïque. Il s’agit de l’importance du sacré dans la société. Nous avons été tous été rattrapés par la violence des attentats (Charlie Hebdo, Bataclan, Nice, Saint-Etienne-du-Rouvray, Bruxelles…) et par de vastes et complexes questions : comment figurer l’infigurable ? Qu’est-ce qu’un blasphème ? ». Cette réflexion évoquée pourrait-être issue d’un cours de Jérôme Lequime, professeur de philosophie à Autun, littéraire dans l’âme, 58 ans et père de quatre enfants.
Ces feront partie de sa préface que cet Autunois de cœur est en train de rédiger pour le catalogue de la 4e Biennale d’art sacré contemporain*, à quelques semaines de son coup d’envoi. Festival que Jérôme Lequime a fondé avec son épouse, accompagné d’une dizaine de membres de l’association - non confessionnelle - des amis de la Chapelle Notre-Dame des Bonnes-Œuvres et des VII Dormants d’Ephèse.
Et comme pour beaucoup de questions philosophiques et spirituelles, il n’y a pas qu’une seule bonne réponse : « Il y a toujours des doutes évidemment, mais il est tellement important d’ouvrir le dialogue entre les cultures, de créer et d’animer des liens interculturels, religieux et générationnels. J’aime faire se rencontrer des gens dans un lieu, temps donné, dans la créativité », dit-il.

Une reconversion à la quarantaine
Cette recherche est le reflet de ses passions « déterminantes pour le cours de sa vie » qui l’ont suivi depuis son plus jeune âge. Jérôme Lequime se qualifie de « féru d’éthique » (branche de la philosophie qui s'intéresse aux valeurs et aux actes, aux obligations et aux droits…), il est aussi friand d’art contemporain et très ouvert au dialogue culturel. Avide de philosophie, il se dit inspiré par de grands penseurs tels que Paul Ricoeur, Louis Massignon et Emmanuel Levinas.
« Après vingt années passées à poursuivre l’activité de l’entreprise familiale (dans le secteur du tourisme), je me suis rendu compte que la philosophie et son enseignement avaient toujours été ma vocation, confie-t-il. A la quarantaine, j’ai recontacté mes anciens professeurs (Christian Noorbergen et Jean-Jacques Wuenburger) et puis j’ai changé de vie ». Il reprend alors ses études à la faculté de Dijon, comme un point final à ses premières études de philo entamées quarante ans plus tôt, à l’âge de 19 ans.  
Une vocation nécessite toujours quelques choix : « Il y a quelque chose à Autun que je n’ai retrouvé nulle part ailleurs. Alors je ne me voyais pas quitter ma ville, ma région, afin d’exercer mon métier d’enseignant, c’est pour cela que je reste tel un électron libre, en tant qu’enseignant contractuel pour deux lycées (militaire et Saint-Lazare) ainsi que l’école d’infirmiers. »
Jérôme Lequime garde en tête un souvenir marquant, de la première Biennale, en 2017 : « Des moines tibétains, venus de Lhassa, avaient créé une œuvre durant le festival -in-situ-? un mandala. Il y avait eu une procession et une dispersion du sable. Cela a été un moment très fort pour moi et d’une grande ferveur pour tous ceux qui étaient présents ».

*Du 15 juillet au 3 août à Autun, tous les jours de 11 à 19 heures. 35 artistes, plus de 150 œuvres au cœur de 14 lieux : conférences, concerts, performance artistiques…
Le programme ici

Dates et lieux

1965 : naissance dans la région de Troyes.

1992 : séjour de deux mois en Egypte, au Caire, dans un dispensaire durant lequel se mêlent humanitaire et spiritualité. Un voyage « déterminant, troublant et magnifique », selon Jérôme Lequime, suivi de son installation à Autun.

Octobre 2014- été 2017 : fondation de l’association des amis de la Chapelle Notre-Dame des Bonnes-Œuvres et des VII Dormants d’Ephèse à Autun suivie de l’organisation de la première biennale d’art sacré contemporain.   

 

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