Victimes de traumatismes crâniens, une poignée de résidants de Pontarlier, lourdement handicapés, ont assisté à une séance d’équithérapie à Eternoz, dans le Doubs.
« C’est magique » ! Lucie Miot n’en revient pas. Cette artiste de cirque, installée dans le petit village d’Eternoz, dans le Doubs, s’est spécialisée dans les acrobaties et le spectacle équestre. Dans trois jours, elle doit se produire pour la première d’« Au bal d’Apollon … la suite ! », son nouveau spectacle. Aujourd’hui, elle a convié Stéphanie, Christine, Dylan, Yannick, Solène et Nicolas à assister à la dernière répétition. Lourdement handicapés, ils ont été victimes d’un traumatisme crânien durant leur enfance. Ils sont venus de Pontarlier avec Elise et Sophie, leurs accompagnatrices, membres de l’association Ô Doubs Gem. Cette sortie au grand air aux côtés des chevaux semble produire l’effet escompté : Stéphanie, d’ordinaire si réservée, n’en finit pas de sourire : « Ça change du quotidien. Ça m’apporte du bien-être, je suis bien » souffle la jeune femme, le regard illuminé.
Avant de débuter sa séance de répétition, Lucie a invité ses hôtes d’un jour sur la piste. Swing et Balkan, deux chevaux habitués de la scène, sont là aussi. Lucie enchaine les démonstrations : assis, couché, cabré ; les chevaux s’exécutent, sous les applaudissements de Stéphanie et ses amis, subjugués. L’artiste, les chevaux et la petite troupe de Pontarlier ne font plus qu’un. Yannick prend les rênes de Balkan. Avec douceur, il lui demande de croiser les pattes avant. L’étalon obéit. Christine se tient un peu plus loin. Accrochée à son déambulateur, elle peine à s’approcher de Balkan. De sa toute petite voix, elle lui demande de « faire le mort ». A la surprise générale, le cheval plie ses deux pattes avant et se couche sur le flanc. « Quand je vous dis que c’est magique ! » s’exclame Lucie, complètement emballée par l’expérience : « Le contact est fort. Les chevaux sont super calmes, ils sont même plus doux et plus tendres que lorsque je suis toute seule. Il y a une connexion inexplicable qui se fait entre eux et les chevaux. »
Sophie confirme. Elle qui les voit au quotidien dans les locaux de Pontarlier : « C’est un formidable moment pour eux. Je les reconnais à peine : Dylan, qui d’ordinaire est difficilement gérable, est d’un calme absolu. On dirait qu’il est dans son élément. » Vécue comme un moment suspendu, cette rencontre a pu avoir lieu grâce à un dispositif régional, qui vise à accompagner des projets culturels à destination des publics en situation d’empêchement, quel que soit leur âge : personnes en situation de handicap, résidant en établissements de santé, maisons de retraite, lieux de privation de liberté, demandeurs d’asile, enfants placés ou vivants dans une grande précarité accompagnée par des acteurs sociaux …Lucie bénéficie d’une subvention de 4 000 € pour ouvrir son spectacle à ces « publics empêchés » : « J’ai aussi reçu des autistes, des personnes âgées de l’EHPAD de Levier, et puis tout simplement des gens de la campagne environnante pour qui ce spectacle est le seul moyen d’accéder à la culture, car trop éloignés de la ville. »
Une fois la séance d’équithérapie terminée, Lucie et sa troupe de comédiens et de musiciens ont pu débuter leur répétition générale de leur spectacle. Sous les yeux encore un peu mouillés de Stéphanie, Christine, Dylan, Yannick, Solène et Nicolas.
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